Les enfants du silence, de Gong Yi-young
En général, je n'aime pas les romans écrits au présent, comme c'est le cas dans ce livre. Mais l'auteure coréenne, par son style et ses images angoissantes, capte notre attention pour un voyage au cœur de l'inhumanité des bourgeois, du Capital, des policiers, des religieux, enfin tous ceux qui se retrouvent sur un terrain de golf et qui pratiquent l'entre-soi dans cette ville de Mujin, au bord de la mer, où se trouve cette école de sourds-muets qui s'impose sur une colline, noyée dans le brouillard, un brouillard permanent.... "...A l'aube, le brouillard est incroyablement épais. C'est comme si la ville était plongée dans une brique de lait..." Le professeur qui arrive de Séoul ressent d'emblée une inquiétude, se laisse envahir par cette atmosphère angoissante qui le déstabilise. Durant les premières pages j'ai pensé au film de Stanley Kubrick "Shinning", mais non, par la suite on constate que les enfants de cette école ont peur parce qu'ils ont été martyrisés, violentés par ceux qui détiennent l'autorité. Un terrible combat va s'engager pour faire éclore la vérité, rendre leur dignité aux enfants handicapés qui ont tant soufferts dans le silence maléfique de cette ville qui ne veut pas de scandale, qui achète l'impunité avec de l'argent.
En lisant la postface de l'auteure, on est saisi d'effroi : c'est une histoire vraie ! Néanmoins, ce n'est pas un long article, c'est une œuvre littéraire émouvante qui, parfois, pique les yeux et rend sa lecture inconfortable... pour quelques instants.
Maadadayo !