UNE PRÉFÉRENCE MALENCONTREUSE.
I
Où il est question d'une cure thermale, l'année dernière
A chaque fois qu'il nous annonce qu'il va nous raconter un souvenir où une femme tient le rôle principal, nous ne pouvons pas nous empêcher d'esquisser un sourire coin. En effet, nous savons déjà que son histoire se terminera mal, qu'il y aura un évènement inattendu, un comportement incongru plus ou moins volontaire de sa part, pourtant il nous jure que non, jamais, ou encore une terrible fatalité qu'il nous détaillera avec un air chafouin, en tout cas, oui, quelque chose surviendra et dressera un mur entre elle et lui, ce qui par conséquent brisera son espoir de vivre une vie normale, d'être comme tout le monde, de n'être plus jamais seul. A d'autres ! A d'autres ! Personne ne le croit ! L'un d'entre nous, Benoit, un professeur à la retraite féru de psychologie, diagnostique toujours un "acte manqué", un moyen commode bien qu'inconscient pour éviter de s'engager, quant à Jean Marc, lui, il dit carrément qu'il le fait exprès, qu'il veut se rendre imbuvable, odieux, rien que pour la tester - bon, là, il faut dire que ça fonctionne très bien, cela met donc en lumière la banalité et la superficialité de ses rencontres - ; pour ma part, je me souviens de ce jour où il nous a raconté son enfance avec un père alcoolique qui battait sa mère mais, une nouvelle fois, il faut prendre ce qu'il a osé nous dire avec circonspection ; pour notre amie Carole, il a peur de reproduire les actes de son père ; personnellement, je ne suis pas d'accord avec elle, en plus, là encore, peut être nous invente-t-il le roman d'une enfance malheureuse pour faire pleurer dans les chaumières, néanmoins une évidence s'impose pour moi : ses parents ne lui ont pas inculqué la joie de vivre, le goût du bonheur, ni appris qu'être deux pouvait être autre chose qu'un enfermement obsessionnel. Au fond, je suis persuadé qu' il attend trop d'une femme, il subodore toujours qu'il finira par être forcément déçu. En fuyant, car pour moi il fuit, il tue donc la déception dans l’œuf avant qu'elle n'éclose dans toute sa cruauté.
Néanmoins, entre nous, nous avons du mal à prendre pour argent comptant toutes ses histoires, ces calembredaines devrais-je écrire, ses explications plus ou moins alambiquées qu'il nous sert sans vergogne comme s'il cherchait, dans nos réactions, notre véritable personnalité, comme s'il voulait savoir que nous pensons vraiment de lui. Lisez donc cette dernière histoire qu'il nous a raconté pas plus tard que hier après midi, au bout de la troisième cannette de bière.
Tous les ans, il se rend en cure thermale, une station dans les Pyrénées où l'on traite les personnes qui ont une propension à faire de la surcharge pondérale. Il en revient à chaque fois ravi, en forme, quelques kilogrammes en moins. Mais l'autre jour il a commencé par nous parler de sa cure précédente. Les soins se déroulaient le matin, les après midis il partait se balader sur des sentiers de randonnée pas trop exigeants. Un après midi, il n'alla pas bien loin, le ciel s'était tout à coup couvert de nuages noirs menaçants, inquiétants. On lui avait dit qu'il fallait se méfier des orages dans la montagne alors, dès les premières gouttes de pluie, il se réfugia dans un café du bourg qui ne vivait que par la présence des curistes. Involontairement, il prit place à une table voisine de celle d'une jeune femme, assise sur la banquette en moleskine rouge devant un Pérrier menthe. Il fut tout de suite frappé par sa coiffure style années 60, ce chignon que l'on qualifiait de "choucroute" à cette époque là. Comme il nous a souvent dit que le moteur de sa vie c'est la curiosité, il chercha une phrase pour amorcer la conversation afin de savoir ce que cachait ce visage sérieux, voir austère, et malgré cela bien charmant pour qui savait regarder au delà des apparences. En fait il ne chercha pas longtemps son entrée matière parce qu'il s'en foutait et qu'il ne voulait pas se fatiguer à trouver quelque chose d'original, la banalité ne lui ayant jamais poser un problème, sa question souligna ainsi un manque d'imagination étonnant de sa part qu'elle eut la bonté de ne pas relever.
- Vous êtes en cure thermale?
- Oui. Et vous?
- Aussi.
Vous vous dites que de grandes histoires d'amour ont commencé d'une manière encore plus banale que celle que vous venez de lire, seulement moi je vous conseille d'attendre un peu avant de vous emballer, rappelez vous que notre ami se perd souvent dans des emballements intempestifs qui se terminent... se terminent comment? Je m'apprêtai à écrire "tristement" bien que nous sommes tous certains, peut être à tort, qu'il ne l'est jamais au final. En effet, il faut le voir à table manger joyeusement tout ce qu'on lui présente, faire des commentaires pertinents sur la qualité des produits, leur cuisson, il faut l'entendre aussi raconter des histoires horribles qui ne font rire que lui - reconnaissons que nous sommes tous un peu coincé -, et quand il nous parle de la peinture, des expositions qu'il visite, son enthousiasme est communicatif jusqu'à nous faire aimer ce qui nous laissait indifférent ou ce que nous rejetions par principe, à vrai dire par fainéantise intellectuelle ou plutôt par un manque de curiosité sur tout ce qui en dehors de notre petite vie cloisonnée par l'écran de nos tablettes et smartphones - au fond, nous vivons par procuration.
Ce qui est sûr, c'est que notre ami inspire d'emblée confiance. Son léger embonpoint, sa jovialité, concourt à le rendre tout de suite sympathique, je dirais même que sa présence est réconfortante, elle nous donne la pêche et nous fait oublier les contingences sociales qui nous irritent. C'est sans doute ce que a ressenti la curiste à son contact. D'ailleurs, au bout de vingt minutes, c'était comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. Elle n'hésita pas à lui faire des confidences, à raconter qu'elle avait travaillé quelques semaines à côté Dominique Strauss Khan dans un organisme important de statistiques économiques - c'était l'époque où il avait été contraint de quitter son ministère et où les performances de sa prostate ne faisaient pas encore la une des journaux. Elle était célibataire, elle n'avait pas d'enfants, elle avait un emploi fort rémunérateur, bref, c'était la femme idéale pour notre ami.
L'entretien se déroulait chaleureusement, une atmosphère de confiance s'était établie entre eux au point que, naturellement, ils s'étaient approchés l'un de l'autre sur la banquette, tandis qu'à l'extérieur des craquements sinistres dans le ciel annonçaient un violent orage. Vers 16h, ils eurent l'impression que la nuit était déjà tombée, la lumière fut allumée dans le Café, et les deux déflagrations qui firent trembler les vitres précédèrent une pluie diluvienne, une mitraillade de grêlons sur les vitres des fenêtres. Maintenant, il sentait la chaleur de son corps contre sa cuisse, l'apocalypse au dehors leur avait fait abandonner toutes leurs réserves, et aussi ce vague respect des convenances. Néanmoins, pour éviter toute confusion, leur conversation devint moins intime et beaucoup plus superficielle. Ce fut à ce moment là qu'il lui indiqua qu'il préférait les femmes aux cheveux courts. Il ne se rappelle plus pourquoi il lui fit cette réflexion, vraiment. Nous, nous lui suggérâmes qu'il l'avait fait pour meubler, comme on dit, comme il aurait pu dire qu'il préférait les femmes en robe ou en jupe plutôt qu'en pantalon, bref, rien d'important.
Quand le soleil se repointa son museau entre deux nuages, ils se levèrent. Notre ami paya l'addition pour tous les deux, puis ils se baladèrent dans les rues étroites du village, épaule contre épaule. Elle avait fini sa cure, elle partait le lendemain, alors elle lui demanda s'il reviendrait l'année prochaine, à la même période. Il acquiesça, elle afficha un sourire lumineux. Elle lui sembla vraiment heureuse à la perspective de le revoir l'année prochaine mais, comment dire, notre ami ne partagea pas cet enthousiasme qu'il osa qualifier devant nous de... bizarre ! Pourquoi bizarre? Parce que si elle tenait tant que ça à le revoir, pourquoi attendre l'année prochaine? Avec moi, nous précisa-t-il, il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Et donc tu lui as fait part de ton désir de la revoir sans attendre, de lui rendre visite chez elle, ou bien toi de l'inviter chez toi, enfin, quoi, tu lui as donné ton numéro de téléphone, n'est-ce pas? Benoit, qui ressemble à Nosferatu, avait parlé d'une voix forte, teintée d'ironie démonstrative, les mains croisées sur la table, la tête tendue vers notre ami qui le regarda droit dans les yeux pour lui répondre, un peu embêté toutefois : non ! Benoit éclata d'un rire diabolique, tonitruant. Ah je le savais ! Je le savais ! s'exclama-t-il en prenant tout le monde à témoin. Carole, Jean Marc et moi, nous fîmes semblant de nous offusquer devant l’impéritie de notre ami parce que, nous aussi, nous savions ce qu'il allait répondre, et ce n'était pas la peine d'en rajouter en surjouant la surprise. Merde, quand même, ça ne laissait pas de nous troubler cet entêtement à ne pas se comporter comme tout le monde.
Carole prit enfin la parole.
- Et alors? Cette année? Tu l'as revue?
Notre ami regarda son verre vide, longuement, l'air hagard dirais-je tant il nous a paru sur le coup bien fatigué, comme si toute la misère du monde lui était tombé sur les épaules.
- Alors? insistâmes nous en chœur.
Il leva la tête. Il ne souriait pas, il avait l'air grave.
- Oui, dit-il............
Maadadayo !
I
Où il est question d'une cure thermale, l'année dernière
A chaque fois qu'il nous annonce qu'il va nous raconter un souvenir où une femme tient le rôle principal, nous ne pouvons pas nous empêcher d'esquisser un sourire coin. En effet, nous savons déjà que son histoire se terminera mal, qu'il y aura un évènement inattendu, un comportement incongru plus ou moins volontaire de sa part, pourtant il nous jure que non, jamais, ou encore une terrible fatalité qu'il nous détaillera avec un air chafouin, en tout cas, oui, quelque chose surviendra et dressera un mur entre elle et lui, ce qui par conséquent brisera son espoir de vivre une vie normale, d'être comme tout le monde, de n'être plus jamais seul. A d'autres ! A d'autres ! Personne ne le croit ! L'un d'entre nous, Benoit, un professeur à la retraite féru de psychologie, diagnostique toujours un "acte manqué", un moyen commode bien qu'inconscient pour éviter de s'engager, quant à Jean Marc, lui, il dit carrément qu'il le fait exprès, qu'il veut se rendre imbuvable, odieux, rien que pour la tester - bon, là, il faut dire que ça fonctionne très bien, cela met donc en lumière la banalité et la superficialité de ses rencontres - ; pour ma part, je me souviens de ce jour où il nous a raconté son enfance avec un père alcoolique qui battait sa mère mais, une nouvelle fois, il faut prendre ce qu'il a osé nous dire avec circonspection ; pour notre amie Carole, il a peur de reproduire les actes de son père ; personnellement, je ne suis pas d'accord avec elle, en plus, là encore, peut être nous invente-t-il le roman d'une enfance malheureuse pour faire pleurer dans les chaumières, néanmoins une évidence s'impose pour moi : ses parents ne lui ont pas inculqué la joie de vivre, le goût du bonheur, ni appris qu'être deux pouvait être autre chose qu'un enfermement obsessionnel. Au fond, je suis persuadé qu' il attend trop d'une femme, il subodore toujours qu'il finira par être forcément déçu. En fuyant, car pour moi il fuit, il tue donc la déception dans l’œuf avant qu'elle n'éclose dans toute sa cruauté.
Néanmoins, entre nous, nous avons du mal à prendre pour argent comptant toutes ses histoires, ces calembredaines devrais-je écrire, ses explications plus ou moins alambiquées qu'il nous sert sans vergogne comme s'il cherchait, dans nos réactions, notre véritable personnalité, comme s'il voulait savoir que nous pensons vraiment de lui. Lisez donc cette dernière histoire qu'il nous a raconté pas plus tard que hier après midi, au bout de la troisième cannette de bière.
Tous les ans, il se rend en cure thermale, une station dans les Pyrénées où l'on traite les personnes qui ont une propension à faire de la surcharge pondérale. Il en revient à chaque fois ravi, en forme, quelques kilogrammes en moins. Mais l'autre jour il a commencé par nous parler de sa cure précédente. Les soins se déroulaient le matin, les après midis il partait se balader sur des sentiers de randonnée pas trop exigeants. Un après midi, il n'alla pas bien loin, le ciel s'était tout à coup couvert de nuages noirs menaçants, inquiétants. On lui avait dit qu'il fallait se méfier des orages dans la montagne alors, dès les premières gouttes de pluie, il se réfugia dans un café du bourg qui ne vivait que par la présence des curistes. Involontairement, il prit place à une table voisine de celle d'une jeune femme, assise sur la banquette en moleskine rouge devant un Pérrier menthe. Il fut tout de suite frappé par sa coiffure style années 60, ce chignon que l'on qualifiait de "choucroute" à cette époque là. Comme il nous a souvent dit que le moteur de sa vie c'est la curiosité, il chercha une phrase pour amorcer la conversation afin de savoir ce que cachait ce visage sérieux, voir austère, et malgré cela bien charmant pour qui savait regarder au delà des apparences. En fait il ne chercha pas longtemps son entrée matière parce qu'il s'en foutait et qu'il ne voulait pas se fatiguer à trouver quelque chose d'original, la banalité ne lui ayant jamais poser un problème, sa question souligna ainsi un manque d'imagination étonnant de sa part qu'elle eut la bonté de ne pas relever.
- Vous êtes en cure thermale?
- Oui. Et vous?
- Aussi.
Vous vous dites que de grandes histoires d'amour ont commencé d'une manière encore plus banale que celle que vous venez de lire, seulement moi je vous conseille d'attendre un peu avant de vous emballer, rappelez vous que notre ami se perd souvent dans des emballements intempestifs qui se terminent... se terminent comment? Je m'apprêtai à écrire "tristement" bien que nous sommes tous certains, peut être à tort, qu'il ne l'est jamais au final. En effet, il faut le voir à table manger joyeusement tout ce qu'on lui présente, faire des commentaires pertinents sur la qualité des produits, leur cuisson, il faut l'entendre aussi raconter des histoires horribles qui ne font rire que lui - reconnaissons que nous sommes tous un peu coincé -, et quand il nous parle de la peinture, des expositions qu'il visite, son enthousiasme est communicatif jusqu'à nous faire aimer ce qui nous laissait indifférent ou ce que nous rejetions par principe, à vrai dire par fainéantise intellectuelle ou plutôt par un manque de curiosité sur tout ce qui en dehors de notre petite vie cloisonnée par l'écran de nos tablettes et smartphones - au fond, nous vivons par procuration.
Ce qui est sûr, c'est que notre ami inspire d'emblée confiance. Son léger embonpoint, sa jovialité, concourt à le rendre tout de suite sympathique, je dirais même que sa présence est réconfortante, elle nous donne la pêche et nous fait oublier les contingences sociales qui nous irritent. C'est sans doute ce que a ressenti la curiste à son contact. D'ailleurs, au bout de vingt minutes, c'était comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. Elle n'hésita pas à lui faire des confidences, à raconter qu'elle avait travaillé quelques semaines à côté Dominique Strauss Khan dans un organisme important de statistiques économiques - c'était l'époque où il avait été contraint de quitter son ministère et où les performances de sa prostate ne faisaient pas encore la une des journaux. Elle était célibataire, elle n'avait pas d'enfants, elle avait un emploi fort rémunérateur, bref, c'était la femme idéale pour notre ami.
L'entretien se déroulait chaleureusement, une atmosphère de confiance s'était établie entre eux au point que, naturellement, ils s'étaient approchés l'un de l'autre sur la banquette, tandis qu'à l'extérieur des craquements sinistres dans le ciel annonçaient un violent orage. Vers 16h, ils eurent l'impression que la nuit était déjà tombée, la lumière fut allumée dans le Café, et les deux déflagrations qui firent trembler les vitres précédèrent une pluie diluvienne, une mitraillade de grêlons sur les vitres des fenêtres. Maintenant, il sentait la chaleur de son corps contre sa cuisse, l'apocalypse au dehors leur avait fait abandonner toutes leurs réserves, et aussi ce vague respect des convenances. Néanmoins, pour éviter toute confusion, leur conversation devint moins intime et beaucoup plus superficielle. Ce fut à ce moment là qu'il lui indiqua qu'il préférait les femmes aux cheveux courts. Il ne se rappelle plus pourquoi il lui fit cette réflexion, vraiment. Nous, nous lui suggérâmes qu'il l'avait fait pour meubler, comme on dit, comme il aurait pu dire qu'il préférait les femmes en robe ou en jupe plutôt qu'en pantalon, bref, rien d'important.
Quand le soleil se repointa son museau entre deux nuages, ils se levèrent. Notre ami paya l'addition pour tous les deux, puis ils se baladèrent dans les rues étroites du village, épaule contre épaule. Elle avait fini sa cure, elle partait le lendemain, alors elle lui demanda s'il reviendrait l'année prochaine, à la même période. Il acquiesça, elle afficha un sourire lumineux. Elle lui sembla vraiment heureuse à la perspective de le revoir l'année prochaine mais, comment dire, notre ami ne partagea pas cet enthousiasme qu'il osa qualifier devant nous de... bizarre ! Pourquoi bizarre? Parce que si elle tenait tant que ça à le revoir, pourquoi attendre l'année prochaine? Avec moi, nous précisa-t-il, il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Et donc tu lui as fait part de ton désir de la revoir sans attendre, de lui rendre visite chez elle, ou bien toi de l'inviter chez toi, enfin, quoi, tu lui as donné ton numéro de téléphone, n'est-ce pas? Benoit, qui ressemble à Nosferatu, avait parlé d'une voix forte, teintée d'ironie démonstrative, les mains croisées sur la table, la tête tendue vers notre ami qui le regarda droit dans les yeux pour lui répondre, un peu embêté toutefois : non ! Benoit éclata d'un rire diabolique, tonitruant. Ah je le savais ! Je le savais ! s'exclama-t-il en prenant tout le monde à témoin. Carole, Jean Marc et moi, nous fîmes semblant de nous offusquer devant l’impéritie de notre ami parce que, nous aussi, nous savions ce qu'il allait répondre, et ce n'était pas la peine d'en rajouter en surjouant la surprise. Merde, quand même, ça ne laissait pas de nous troubler cet entêtement à ne pas se comporter comme tout le monde.
Carole prit enfin la parole.
- Et alors? Cette année? Tu l'as revue?
Notre ami regarda son verre vide, longuement, l'air hagard dirais-je tant il nous a paru sur le coup bien fatigué, comme si toute la misère du monde lui était tombé sur les épaules.
- Alors? insistâmes nous en chœur.
Il leva la tête. Il ne souriait pas, il avait l'air grave.
- Oui, dit-il............
Maadadayo !