par Wapiti Jeu 18 Déc - 19:46
C’est en plein vol et dans un hurlement de douleur qu’il a repris conscience, avant de s’enfoncer comme une crêpe, sur le dos, dans une épaisse couche de neige fraiche. Il respire dans un râle, côtes probablement cassées, une épaule disloquée, le bassin martyrisé. Tout son corps lui fait mal et une migraine terrible lui enserre déjà le crâne, avec cette sensation plutôt agréable d’un liquide tiède lui coulant le long de la tempe, dans l’oreille, jusque dans le cou. Il ne trouve pas l’énergie pour ouvrir les yeux et comprendre où il est, il a oublié les minutes qui ont précédé, il est de fait incapable de toute réflexion. A cet instant il ne sait pas où il est… ni même qui il est. Il sait juste qu’il est, douloureusement.
Pixiö, après avoir un peu récupéré, lui parle doucement en tentant les premiers soins dans la neige profonde.
Il ne peut que grogner pour montrer qu’il entend. Quant à comprendre, il en est loin encore.
Le constat est sans appel : Pixiö ne peut plus déplacer le blessé, préfère ne plus le bouger. Mais il y a urgence compte tenu des blessures, de la neige gelée et de la pénombre glacée qui les entourent. Ô certes ils sont très bien habillés et devraient supporter le froid plusieurs heures, mais l’état du plus jeune ne devrait qu’empirer si rien n’est fait rapidement.
Ce n’est de fait qu’à ce moment là que Pixiö pense à la balise de détresse dont tous les traineaux lutins sont équipés. Il lui faut la retrouver dans les débris du traineau et malgré ses propres blessures et fatigue. Nager dans cette neige, car vu sa taille et la hauteur de la couche c’est bien de nager qu’il a l’impression, est loin d’être aisé. Il lui faut ensuite s’agripper pour grimper aux branches et accéder à la partie centrale du traineau qui, heureusement pour eux, a conservé son petit boitier. A bout de bras il appuie fermement sur le bouton et de suite entend cette séquence rythmée d’ultrasons typique, pas vraiment agréable aux oreilles lutines mais que celles-ci peuvent entendre à des kilomètres de distance et que toutes savent reconnaitre comme un appel de détresse.
Il use de ses dernières forces pour se trainer et s’asseoir aux côtés de son blessé. Il n’y a plus qu’à attendre. Avec confiance puisque partout sur Terre vivent des peuples lutins de tous genres et que forcément les secours vont arriver, quels que soient le continent et le pays où ils ont atterri, quel que soit le peuple lutin de ces lieux.
La première vie à s’approcher, cahin caha, est Nopeïn. Il a entendu l’appel et sait d’instinct que son propre salut passe par ces secours. Pixiö n’est pas mécontent de le voir approcher, au moins lui aussi n’est-il que blessé.