par Wapiti Sam 20 Déc - 20:48
Entre ses épisodes d’éveil d’abord très furtifs puis progressivement plus longs et efficaces à la prise de conscience, se déroulent de longs temps de sommeil profond ou agité de rêves très flous.
Sa mémoire néanmoins semble en retenir un de rêve, plus prégnant que les autres, probablement plus réel que les autres. Un rêve qu’il ne fait plus, qui semble l’avoir marqué pendant sa première période de convalescence, avant les premiers éveils, un rêve d’une beauté sans pareil et d’une force vitale faisant encore vibrer toutes les cordes de son corps.
C’est le rêve d’une déesse, d’une fée, d’un être magnifique qui se serait penchée sur sa couche et lui aurait insufflé vie, force et santé. L’image revient régulièrement sur son écran intérieur, étrangement nette dans ce flou de semi-conscience et de rêves vaseux. Tellement nette qu’il est persuadé de ne pas avoir rêvé cette scène-là, qui, à la réflexion quand réflexion il pourra mener, lui paraitra pourtant tellement irréelle…
Arwen. Il est persuadé qu’elle s’appelle Arwen, cette créature magnifique.
Un long et délicat visage aux traits fins et parfaits, encadré d’une très longue chevelure brune merveilleusement tressé avec quelques mèches libres aux ondulations délicieuses. Un visage sans imperfection aux yeux d’un vert intense et envoûtant. Elle est belle, très belle, merveilleusement belle.
Il la perçoit comme grande… grande comme lui, même si en ces moments-ci il n’a pas notion de sa propre taille tant il est encore anesthésié par les pouvoirs de ce mélange de plantes toxiques qu’on lui a fait ingérer au cours des derniers jours.
Dans ses visions elle baigne toujours dans une aura argentée qui relève encore sa beauté sublime.
Il lui semble qu’elle s’est penchée sur lui, face contre face, qu’elle s’est même fondue en lui. Ses lèvres délicates d’un rouge parfait ne bougeaient pas et pourtant elle lui parlait… Un langage qu’il ne connaissait pas mais qu’il comprenait parfaitement. Ou plutôt, il lui semble qu’elle pensait dans sa langue mystérieuse et que lui « entendait » et comprenait ces pensées dirigées vers lui, pour lui. Sa « voix » reste un souvenir magique, envoûtant, qui lui vrille encore le cœur.
Qu’a-t-elle dit ? Il ne s’en souvient pas, mais en garde un souvenir de force douce, d’une bienveillance puissante lui intimant de respirer, de vivre, de se réparer, de revenir parmi les vivants de ce monde...
Qu’a-t-elle fait ? Il ne sait pas vraiment. Ses mains délicates aux longs doigts magnifiquement dessinés elle a apposé sur ses tempes endoloris, cela il croit pouvoir l’affirmer. Pour le reste… il a l’impression qu’elle s’est allongée sur lui… ou plutôt en lui. Comme si elle n’avait fait qu’un avec tout son être pour lui insuffler sa propre force de vie, ses propres capacités magiques de guérison.
La perfection de ses traits, l’intensité de son regard, la douceur de son sourire, l’envoûtement de sa voix, la puissance de sa magie, de tout cela il se souvient. Et il lui semble bien que c’est le premier souvenir qu’il ait de sa vie.
Il est amoureux, fondamentalement amoureux du plus profond de son être. En lui coule son énergie vitale à elle. Il est à elle, totalement, pour toujours.
Ainsi au milieu de ses rêves y a-t-il ce rêve qui n’en est pas un, il en est persuadé.