Le Village du Peuple Etrange Voyageur

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    Parenthèse dalmatienne

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    Message par Lilie Sam 29 Mar - 22:08

    (A l'origine, sans accent, j'étais encore en qwerty quand je l'ai tapé... j'ai essayé d'en rajouter de temps en temps  pardon )

    30.03.2011
    Zadar

    Je me suis surprise moi-même à être debout quand le réveil sonna ce matin, à 4h45. Je sentais pourtant bien les quatre heures de sommeil sur mes paupières lourdes, mais l’humeur était étonnamment au beau fixe, vive, et même sociable. La grossesse n’est pourtant pas réputée pour améliorer caractères et humeurs grincheuses matinales, en tout cas, pas dans mon cas jusqu’à présent.
    En faisant mon sac hier soir, je me disais que la majorité des gens qui partiraient pour quatre jours au soleil emmèneraient un trolley, ou une valise. Et moi, optant pour deux sacs à dos : la crème des crèmes niveau confort, en 35 litres, sur laquelle j’ai accroché mes bâtons de randonnée, et un autre sac de rando petit volume, 25 litres celui-là. Oui, là ou la majorité des gens verrait ce séjour aller-retour Dublin-Zadar comme un long weekend, je l’abordais quant à moi comme un mini voyage, ma dernière vadrouille solo, mon dernier tête-à-tête avec moi-même. Alors j’ai fait mes sacs de la sorte, sacs tout justes à moitié remplis évidemment, et considérant mes six mois et demi d’en-bullotage, d’où les bâtons de rando là où en temps normal, je n’en aurais pas besoin.
    Chaussures de rando aux pieds, je pars prendre le bus, dans une nuit dublinoise étonnemment douce. Pas eu besoin de montrer la lettre du médecin à l’enregistrement, ni à l’embarquement, mes sacs cachant peut-être mon “état”, ou le personnel simplement trop occupé pour se soucier si les passagers sont aptes à voyager ou non.

    Il fait bon quand je pose le pied sur l’aéroport de Zadar, un peu avant 11 heures locales. Quand je récupère mon sac, les bâtons toujours fermement fixés, je capte bien les regards intrigués des autres passagers. Je me dis que ce n’est que le début, aujourd’hui c’est pour la femme enceinte et seule avec un équipement de voyage pour globe-trotteur, chose plutôt inhabituelle, et d’ici quelques temps, quelques années, ce sera pour la femme seule, son enfant unique, et leurs sacs à dos, les mêmes regards curieux se posant d’autres questions... C’est ce que je me dis avant de quitter la salle des bagages pour aller échanger mes Euros en Kunas.

    Le point information de l’aéroport ne dispense que de modestes renseignements (pas même de plan de la ville), suffisants néanmoins pour monter dans le bus urbain en direction du centre. La dame “informative” avait l’air préoccupée quand je lui ai dit en anglais que non, je n’avais pas réservé de logement. Toujours la même réaction quand les gens voient une nana débarquer seule, sans carte ni guide touristique, et ce partout dans le monde, et pas besoin d’avoir la bulle pour provoquer ceci !... Après avoir salué le chauffeur en Croate, je lui demande s’il parle Anglais.

    - No, Deutsch. Me fait-il.

    M censuré ! Allemand ! Allemand ! Sors de mes neurones endormis !... Maintenant !
    - Euh... Center ?
    - Zentrum ? Da...

    Il a le ticket posé devant moi, m’y montre les 25 Kunas imprimés en bleu. Pour un chauffeur de bus de ligne d’aéroport, je le trouve bien sympathique, il se marre, me parle en gestuelle. Par expérience, les chauffeurs de bus qui passent par les aéroports ne sont jamais sympas, plutôt le contraire. Je comprends, ils sont payés pour conduire des bus, pas pour être polyglottes ou même parler anglais et faire office de tourisme. Mais lui, il est fun avec ses yeux gris délavés. En s’arrêtant au terminal de bus sur le trajet, il se retourne et, en me regardant avec un grand sourire, pointant du doigt à travers le pare-brise, me lance :
    - Zentrum !
    - Si !... que je lui réponds niaisement. P censuré ! Pourquoi c’est toujours l’Espagnol qui sort quand je cherche une langue étrangère ?... Qu’est ce qu’on est cruche quand on ne sait pas s’exprimer ! Ce que je me répétais quelques instants plus tard, quand après avoir erré le nez en l’air dans les rues du vieux centre, je suivais une aimable dame à qui j’avais demandé la direction de l’office de tourisme :

    - Zdraevo... hum... Gde je Tourist office ?
    - Blablabla, en croate.
    - Do you speak English ?
    - Hum... No... No English ; Deutsch ?

    Décidément, si j’avais su, j’aurais révisé avant de venir mon allemand trop longtemps oublié ! (*) En allemand, elle barragouine de la suivre, me dit que Zadar a beaucoup d’églises (bizarrement, alors que j’écris ces mots, je suis incapable de répéter l’allemand que j’ai entendu, pourtant je le comprenais sans mal, à ma grande surprise). Je balbutie un maladroit “sehr schön !”... Tiens ? D’où ça sort, ça ? Ça fait dix ans que j’ai oublié mon allemand, et d’un seul coup j’ai des mots qui reviennent sans que je n’ai besoin de les chercher ! Serait-ce un autre effet bizarroïde de la grossesse ?... Cette gentille dame ne sachant elle non plus où se trouvait l’office de tourisme (particularité logique des locaux du monde entier). Je le sais, elle a demandé son chemin à deux reprises, et hésitait à chaque intersection. Et moi, comme une cruche, qui voulait lui dire que ce n’était pas la peine, que j’allais me débrouiller, et qui la suivais pourtant bêtement avec des sourires niais, sans savoir comment m’exprimer. Je ne comprends vraiment pas les gens qui voyagent dans des pays sans parler la langue locale !


    (*) La rencontre du lendemain m’apprit que l’allemand est encore à ce jour enseigné en première langue étrangère dans les écoles croates.


    (...)


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    Message par fabizan Sam 29 Mar - 22:17

    Je me souviens d'avoir déjà lu ce carnier quelque part Lilie. J'avais bien aimé donc je vais le relire avec plaisir !  sourire 


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    Message par Lilie Sam 29 Mar - 22:24

    Ah! Ben j'ai demandé à Wapiti en mp avant... coz qu' à moi aussi me semblait bien l'avoir mis par ici, mais je n'en trouvais pas la trace... et Wapiti ne s'en souviens pas non plus... je te l'aurai envoyé en privé?... ce serait donc toi la Villageoise à qui il me semblait, dans le doute, l'avoir envoyé?  pensif question roulebilles  Pfff... je vieillottis!

    Lilie

    PS: si je l'ai déjà posté au Village, inutile de le doublonner, et alors je supprime ce topic.  sourire 
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    Message par Skyrgamur Sam 29 Mar - 22:36

    Tu n'aurais pas rencontré un vieux monsieur ?
    Moi aussi, il me semble bien l'avoir déjà vu.


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    Message par Lilie Sam 29 Mar - 22:45

    Si. Bon ben voilà, ce fût le topic le plus court de l'Histoire villageoise!  rire 

    Je crois qu'une bonne nuit s'impose!  rire 

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    Message par geob Dim 30 Mar - 6:15


    Ah zut ! "Parenthèse dalmatienne" ne s’adresse qu'à deux personnes? Faudrait penser aux nouveaux villageois, et aux innombrables visiteurs qui ne regardent que les premières pages du Village. Pour ma part, je n'ai jamais vu ce texte ! Quelquefois, les rediffusions ne sont pas inutiles.

    J'ai vadrouillé dans ces coins là à l'époque de la Yougoslavie, j'étais descendu jusqu'à Dubrovnik, et remonté en bateau jusqu'à Split, ensuite traversée nocturne jusqu'à Ancône.
    A Mostar, j'ai vu le vieux pont avant qu'il ne soit détruit par la guerre, rencontré une femme médecin qui m'a connaitre le milieu artistique de cette ville, puis qui m'a accompagné à Sarajevo où j'ai été reçu par ses parents - le père parlait français, et leurs tapis étaient magnifiques, il fallait se déchausser en entrant. Des bribes de souvenirs remontent à la surface comme des bulles, dommage que je n'ai pas eu l'idée de tenir un carnet et de faire des photos !
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    Message par Wapiti Dim 30 Mar - 8:27

    Et les rediff, pour les poissons rouges  prof dans mon genre, donc, ce n'est pas inutile... clin d'oeil

    Allez, raconte encore Lilie ! rêveur


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    Message par Skyrgamur Dim 30 Mar - 10:02

    Vas-y Lilie, j'avais bien apprécié cette dernière vadrouille en double.  clin d'oeil 


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    Message par Lilie Dim 30 Mar - 15:19

    Salut Geob,

    Non, ca ne s'adresse/ait pas qu'à deux personnes: il me semblait l'avoir publié au Village, mais je n'en trouve plus la trace, Wapiti ne s'en souvient pas, mais Skyr et Fabizan semblent l'avoir déjà lu...  marteau sais pas 

    Alors, continuons...  clin d'oeil 


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    Message par Lilie Dim 30 Mar - 15:30

    Office de tourisme extrêmement généreux, en cartes, en conseils, en services, en temps. Quand j’ai demandé à la jeune femme qui y travaillait si c’était le début de la saison touristique, elle m’a répondu fermement que non, que ça commençait bien plus tard. Pourtant, je suis arrivée avec le premier vol Ryanair de l’année, et  la télévision locale était la pour nous accueillir à la descente de l’avion, lui ai dit-je. Amusée, elle me confirma néanmoins que le Zadar que je voyais aujourd’hui, c’était le Zadar normal, le “nice Zadar”, qu’en été, c’est plein, trop plein de touristes. Super pour moi, même si je me doutais qu’en arrivant fin mars, j’étais encore en hors-saison comme j’aime. Cette même charmante jeune femme a aussi télephoné pour me trouver un logement. Logement privé, c’est ce qui se fait dans le vieux centre de Zadar, meilleure qualité/prix et ce que m’avait effectivement conseillé une copine sur Dublin. Un court moment plus tard, c’est une femme dans sa cinquantaine qui me rejoint à l’office de tourisme. Le courant passe tout de suite bien, elle parle anglais, j’ai vu les photos de son logement, et elle me propose 150 Kunas la nuit (20 Euros) que je ne négocie même pas (l’office de tourisme m’avait dit que ses prix allaient de 150 à plus de 200 Kunas, selon la saison, le nombre de nuits... et la tête du client j’en avais déduit).

    Elle aussi est surprise de trouver une personne et demi pour occuper sa chambre, mais ne me pose aucune question et sur les quelques 300 mètres qui séparent l’Office de Tourisme de son logement, elle se montre encore davantage accueillante, aidante et généreuse. Je tombe en amour pour sa chambre-kitchenette-salle-de-bain du quatrième et dernier étage sans ascenseur, joliement décorée, avec une terrasse immense recouverte de fleurs en tout genre, et avec vue imprenable sur la vieille ville ainsi que la nouvelle.

    - I like flowers very much, me fait-elle en me présentant son balcon.

    Je l’adore ! Elle s’appelle Slavica, et habite la porte d’à côté, sur la terrasse commune, un mur porteur séparant son logement du mien. Elle me laisse, clés en main, en ajoutant de ne pas hésiter à frapper à sa porte si j’ai besoin de quoi que ce soit.

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    Douchée, je pars à la recherche d’un resto. Pizzerias à la pelle... Mais b censuré ! Je ne viens pas en Croatie pour bouffer des pizzas ! Plus tard dans l’après-midi, je comprendrai que je ne suis pas en Croatie, mais en Dalmatie, aux influences italiennes évidentes, à la culture méditerranéenne omniprésente. C’est le bon resto que j’ai choisi, Bruschetta, qui m’a d’abord mis la puce à l’oreille par son menu très orienté... méditerranéen, et le clamant d’ailleurs haut et fort : “nourriture locale méditerranéenne de Dalmatie”... Huile d’olive pour accompagner mes bruschettas, médaillons de lotte dans une savoureuse sauce colorée... Ah ! Pour mon dernier voyage solo, je sens que je vais bien me faire plaisir !



    (...)

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    Message par Wapiti Dim 30 Mar - 17:36

    Moi qui avais déjà des envies de ces territoires, ces côtes là... je sens que ça va pas se calmer. rêveur


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    Message par Lilie Lun 31 Mar - 21:19

    J’ai flané dans les rues une bonne partie de l’apres-midi, dans le vieux centre historique plus que charmant (reconstruit apres la guerre), en bord de mer, me suis posée a plusieurs reprises profitant du soleil et du temps qui passe. Je me suis auss reveillee les papilles au marché quotidien de fruits et legumes juste a coté de chez Slavica.

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    J’ai cloturé l’apres-midi par la visite du musée d’art religieux, aussi connu sous le nom de Musee d’or et d’argent. Il abrite la collection d’art religieux moyen-ageux la plus
    complete que j’ai vue a ce jour (pas surprenant vu ma non-experience en matiere de vadrouilles europeennes).

    Je suis ensuite allee voir le soleil se coucher derriere les iles collineuses qui facent Zadar, et en ecoutant les vagues jouer de l’orgue (non, je n’ai pas fumé). En laissant le temps s’ecouler a admirer le paysage et regarder les gens comme j’aime tant le faire, je me demandais si je pourrais avoir les memes occupations avec Kinder Surprise. Kinder aimera-t-il se poser en bord de mer ou sur une place et ne rien faire d’autre que de regarder la vie grouiller ou contempler les paysages? Peut-etre, mais
    certainement pas plus de deux minutes a chaque fois! Je me disais, face au soleil rougeoyant, qu’il me faudrait reinventer ma maniere de voyager, pour l’ajuster a “notre” maniere de voyager, en fonction des besoins, de l’age, et de la personnalite de Kinder. Je me disais, en contemplant le ciel enlavé, de profiter de ces quelques jours ici, en Dalmatie, derniers jours d’une page de ma vie que je tournerai tres bientot, pour commencer a y ecrire un nouveau chapitre, tout aussi riche je n’en doute pas.

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    Coté culturel, deux choses me paraissent deja evidentes apres cette premiere journee. La premiere, c’est la facette mediterraneenne de la ville et de ses gens. Tout dans les habitudes que j’ai apercues me le rappelle: terrasses de café pleines a craquer a l’heure du dejeuner interminable, balade de soiree en famille ou entre amis avant le diner, buveurs de café a toutes les tables, et bien sur la nourriture que j’epiais dans les assiettes ou sur les cartes de restaurants.

    L’autre chose que j’ai constatee,  c’est qu’ici on me parle de Dalmatie, pas de Croatie. Un peu naive lorsque j’ai choisi cette destination, je me disais que j’allais “en Croatie”, ne connaissais rien des Balkans. Et puis la semaine derniere, j’ai passé un apres-midi  avec un Serbe, qui avait gentillement repondu a ma demande de m’initier au Croate (sur son profil CouchSurfing, il avait specifié “Serbo-croate” comme langue maitrisée). Emil de son prenom, m’apprit alors bien plus en un apres-midi sur l’histoire des Balkans que je n’avais jamais su de toute ma vie. Je compris alors que les divisions politiques actuelles, consequences de la guerre d’Ex-Yougoslavie du debut des annees 90, ne signifiaient pas grand chose, si ce n’est un dessin grossierement representatifs des majorites ethniques et religieuses  de ces nouveaux pays (la Bosnie Herzegovine, par exemple, est constituee de presqu’autant de Bosniaques, que de Serbes, que de Croates). Mais qu’a l’interieur de ces nouvelles frontieres, se trouvent des identités regionales et culturelles tres fortes, des dizaines de dialectes qui font que des Croates, par exemple, utiliseront des vocabulaires differents sur nombre de mots, et ne se comprendront pas toujours au premier abord. Ces regions ont aussi chacune leur histoire. Ainsi est la Dalmatie, et a discuter avec quelques locaux, je l’ai vite compris.

    Dernier point: que ce soit en contact direct avec eux, ou a les observer evoluer dans les rues, les boutiques de la ville, je trouve ces Dalmatiens tres chaleureux. Voyons voir ce que la suite me reserve en matiere d’impressions. Pour le moment je sais juste que je suis extenuee, je ne sais pas quelle heure il est, peut-etre 23 heures. Ce n’est alors que 21 heures dublinoises, mais je tombe, et j’ai mal partout. Six mois et demi de grossesse et me voici octogenaire!... Au lit Paulette!


    (...)



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    Message par fabizan Lun 31 Mar - 21:59

    Je me demande Lilie si ce n'est pas à l'occasion d'un mail où il y avait un lien vers ton récit ?


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    Message par tcvoyageur Mar 1 Avr - 7:20

    Moi aussi, ce récit me dit quelque chose. Mais comme de toute façon, il est très rare que je lise un carnet de voyages dans son intégralité, peut-être que j'y lirai les phrases manquées la fois précédente.  clin d'oeil pardon

    A propos, est-ce que tous les habitants de cette région ont des tenues blanches avec des taches noires (c'est comme ça que je les imagine) ?


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    Message par fabizan Mar 1 Avr - 13:22

    tcvoyageur a écrit:

    A propos, est-ce que tous les habitants de cette région ont des tenues blanches avec des taches noires (c'est comme ça que je les imagine) ?

    Tout à fait Thierry !

    (P censuré n ce que c'est difficile d'envoyer un message quand on parle pas le mandarin.  rire 


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    Message par Skyrgamur Mar 1 Avr - 13:26

    Il va falloir que tu prennes des cours accélérés, ils rachètent tout. Eux et Dubaï...


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    Message par Lilie Mer 2 Avr - 21:26

    fabizan a écrit:Je me demande Lilie si ce n'est pas à l'occasion d'un mail où il y avait un lien vers ton récit ?

    Je n'aurais pas envoyé un carnet pour lequel je n'étais pas prête à publier, à plusieurs personnes. Et j'ai souvenir d'avoir publié au Village, mais je crois que c'était dans un topic existant, soit de grands passages (la rencontre avec le "vieux monsieur"), soit en enlevant tous les passages plus personnels mais ce n'aurait pas eu trop de sens.

    Anyway...  sais pas 

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    Message par Lilie Mer 2 Avr - 21:34

    31.03.2011
    Sur la Mer Adriatique


    Réveil la tête dans les chaussettes ce matin. J’ai bien dormi, mais une huitaine d’heures n’ont pas suffi à reposer mon corps, je me sens physiquement très fatiguée et je doute fortement de réussir a me faire une journée de marche au départ de Preko sur l’ile d’Ugljan, ile la plus proche de Zadar. J’avais aussi les intestins en vrac ce matin, et pas d’appétit, vraiment pas mon habitude. A rajouter à la listes des “moins physiques”, un méchant mal de cou qui rappelle sa présence à chaque mouvement de tête. Ça m’apprendra à dormir dans l’avion, le cou cassé en deux, tête appuyée contre le hublot trop éloigné du siège... Ou non, ça ne m’apprendra pas, la chose m’étant déjà arrivée plusieurs fois.
    Le ferry vient de partir. Machine ultra moderne, et surprenamment gigantesque quand on sait que le trajet ne dure qu’une petite demi-heure. Une centaine de passagers piétons, j’aperçois un seul autre touriste solitaire parmi eux. La plateforme du premier niveau remplie de véhicules. Surprise de cette activité locale insulaire.

    Le soleil chauffe déjà sur mon visage, voyons-voir si celui-ci, ajouté à la brise marine, arrive à me remettre les yeux en face des trous avant que je ne pose pied à Preko...


    Parenthèse dalmatienne Img_4122


    (...)

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    Message par Lilie Ven 4 Avr - 21:21

    Même jour
    Zadar

    Il est 10 heures quand je débarque à Preko, et le soleil cogne déjà dur. Il va faire chaud aujourd’hui, et après tout peu importe où mes pas me mènent, j’irai à mon rythme, pis fouler une terre inconnue suffit toujours à me contenter.

    Après un tour au supermarché pour m’approvisionner en eau, bananes et dattes, je m’engage dans une ruelle parallèle à la mer, suivant sans grande conviction un panneau indiquant un sentier pour piétons et un point information. Un kilomètre plus loin, j’arrive dans ce qu’on pourrait qualifier de “centre” de Preko, cafés, restaurants, police, poste et supérettes concentrés autour de la petite marina à l’eau turquoise et transparente.

    S’y trouve aussi un office de tourisme qui, surprise !, est ouvert. On m’y donne une carte détaillée de l’ile, plus d’une vingtaine de kilomètres de long sur environ quatre en son point le plus large. Tous les villages sont concentrés sur la face nord, en parallèle à la côte zadaroise. Ces villages sont donc logiquement reliés par une seule route principale traversant l’ile d’Est en Ouest. La côte sud complètement inhabitée attire de suite mon regard, ainsi que les quelques traits fins reliant cette même côte à la route principale. Consciente de mon physique diminué, je demande s’il y a une balade que je peux faire dans les alentours, pas trop longue ni challenging, précisant bien que je suis enceinte au cas où le jeune homme n’aurait pas remarqué la bulle greffée sur le devant de mon ventre. Il m’indique le Château, exactement dans l’axe perpendiculaire d’où je me trouve actuellement, côté sud. Me dit que c’est une heure un quart de marche, ça monte un peu mais c’est facile. Me dit que la vue est magnifique là-bas, panoramique sur toutes les iles et ilots qui se trouvent de l’autre côté d’Ugljan.


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    Parenthèse dalmatienne Img_3723


    Il fait vraiment plus chaud qu’hier, je vais prendre mon temps pour cette balade, puisque de toute manière j’ai la journée devant moi, le dernier ferry quittant l’ile vers 23 heures. Je salue les gens dans leurs jardins, les regards intrigués m’amusent (j’ai déjà sorti les bâtons de rando et je porte mon sac à dos hi-tech, sa ceinture bouclée sous ma bulle mettant cette dernière davantage en évidence j’imagine). Beaucoup de retraités dans ces personnes que je salue. L’une d’entre-elles depuis son balcon, le long de la route principale que je dois suivre quelques centaines de mètres avant de virer plein Sud, me rétorque quelque chose que je ne comprends pas. Je m’arrête, et l’homme grisonnant en robe de chambre me lance :

    - Suiza ?
    - Hum... Ne... Francu... Francukoj..., je balbutie, avant de lancer un désarmé anglicisé “France”.
    - Ah! Vous êtes française ! D’où ça? me rétorque l’homme de son accent slave.
    - ..., fait mon cerveau surpris. Euh... De Bretagne ! Je lui crie pour tenter de couvrir le bruit des voitures qui passent à quelques dizaines de centimètres de moi.
    - Ah ! De Bretagne ! Mon fils habite en Bretagne, à Rennes !

    Combien de fois me présenter comme Bretonne m’a ouvert des portes (non par imposture mais par simplicité, puisque les étrangers connaissant vaguement la France la situent en général sur la carte) !

    - Il travaille à l’Institut économique et politique de Rennes, sa femme est prof de dessin.
    - Sa femme est française ?
    - Oui, elle est bretonne.
    - Et vous, comment ça se fait que vous parliez aussi bien français ?
    - J’ai vécu en France, et puis à la retraite je suis venu ici avec ma femme, mais ça ne lui a pas plu... Vous allez ou comme ça ?
    - Au Château.
    - Ouh la ! Et vous allez marcher jusque là-haut, dans votre état ? Me fait-il en mimant de la main un arrondi autour de son ventre.
    - Oui, mais je vais prendre mon temps.
    - Je peux vous emmener si vous voulez. Ça grimpe dur, et le soleil tape fort aujourd’hui. Vous en avez pour plus d’une bonne heure de marche, une heure et demi comme vous êtes là...
    - Non, merci, c’est gentil mais je vais prendre mon temps. Pis si je vois que c’est trop difficile, je ferai demi-tour, ce n’est pas grave !
    - Je veux bien... Vous êtes courageuse, mais je vous assure que ça monte dur! C’est très beau la-bas, vous allez aimer, mais... Vous êtes sure que vous ne voulez pas que je vous emmène ?


    (...)


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    Message par Lilie Dim 6 Avr - 9:48

    La voix de la sagesse a parlé.

    - Bon d’accord, si vous insistez...
    - Ah bon! Je préfère, parce que vraiment, vous me faites pitié ! Je veux bien croire que vous êtes courageuse, mais là, vous allez voir, ça monte ! Pis avec ce soleil... Attendez-moi en bas, j’enfile une culotte et j’arrive !

    Sa maison sur le bord de la route est entourée d’un potager entretenu à merveilles.

    - Bonjour Madame, me fait-il me tendant la main et m’invitant à entrer dans la petite cour où sa voiture est garée, près du potager.
    - Comment vous appelez-vous ?
    - Yvo. Yvo Gregov. Et vous ?
    - Aurélie.
    - Ah! Ça c’est bien français ! Y a des fois y a des prénoms, on se demande d’où qu’ils sortent, mais Aurélie, c’est bien français !
    - C’est une bonne terre que vous avez dans votre potager...
    - Oui, mais c’est pas d’ici ; c’est de la terre importée.

    Un rapide tour de jardin plus tard, et je me trouve installée dans la voiture d’Yvo. Mais quelle chance de l’avoir rencontré ! Ne cesse de répéter ma petite voix intérieure en l’écoutant parler.

    - Vous voyez ce que je vous avais dit, ça monte dur!
    - Oui... En fait, je pensais que ça montait un peu jusqu’en haut des collines qu’on voit depuis le port, et qu’après ça descendait...
    - Ah non ! Ça ne descend pas du tout ! Et vous allez voir, le dernier tronçon, c’est là que ça grimpe ! Les femmes, les enfants, ils arrivent à y aller. Mais vous, avec votre sac et le poids que vous avez devant...
    - Oui, je ne pensais vraiment pas que c’était de la montée tout du long, c’est pas ce que le gars à l’office de tourisme m’a laissé entendre. J’aurais sans doute fait demi-tour rapidement.

    Yvo m’avait très tôt demandé du haut de son balcon, si j’étais seule ici, en Croatie. A ma réponse positive, il avait enchainé les questions, plus par curiosité inquiète que par commérage. Et je ne me sentais pas de partir dans les explications, parce que je connaissais les questions que chaque réponse allait provoquer (pour avoir passé deux semaines en Gaule en décembre à l’annoncer à “ma France”, je ne connaissais que trop bien ces questions, et n’avais surtout pas envie de bruler davantage d’énergie à y répondre là où je pouvais les éviter). J’avais alors opté pour la facilité d’un petit mensonge inoffensif à un inconnu, et lui avait donné comme réponse que oui j’avais un ami, en France, mais qu’il n’avait pu se libérer à cette période, et que ce petit voyage de quelques jours en solo ne me dérangeait absolument pas, que j’avais l’habitude. Ainsi, dans le trajet qui menait au Château, il me lança:

    - Je peux vous dire que si j’étais votre ami, je ne vous aurais pas laissé monter la-haut comme ça !

    Certainement pour ça que je suis célibataire, pensai-je. Quel homme comprendrait que m’empêcher de vadrouiller de la sorte, c’est m’empêcher de respirer ? Les mots de Dervla Murphy dans son autobiographie Wheels within wheels me viennent en tête à l’instant :

    I saw myself as a person too strong-willed, self-centred and fundamentally - if not obviously- arrogant to make a success of the married state. There is a vast difference between being a good friend - or a good mistress - and being a good wife. As long as people of my sort are free, they can seem endlessly patient, understanding, cheerful -even unselfish in a crisis. But deprive them of their freedom and everything turns sour. In my teen I could not have expressed all this: yet, I knew it.” (*)

    (*) Je me voyais comme une personne de trop forte volonté, égocentrique, et fondamentalement – si ce n’est de toute évidence – arrogante pour faire du mariage un succès. Il y a une grande différence entre être une bonne amie – ou une bonne maitresse - et être une bonne épouse. Tant que les gens de mon espèce sont libres, il peuvent paraitre infiniment patients, compréhensifs, gais – même généreux (dans le sens désinteressé) en temps de crise. Mais privez-les de leur liberté et tout tourne au vinaigre. Dans mon adolescence, je ne savais pas exprimer tout ceci : pourtant, je le savais.


    (...)

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    Message par geob Dim 6 Avr - 13:41

    Même à l'époque de la Yougoslavie, le contact était vraiment sympathique avec les gens.
    N'as-tu pas des portraits de Dalmate ?
    En tout cas, tu pourrais agrémenter, compléter ce vide sur wikipédia
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Dervla_Murphy
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    Message par Lilie Dim 6 Avr - 14:03

    Y a la version anglaise largement documentée  clin d'oeil : http://en.wikipedia.org/wiki/Dervla_Murphy

    Le documentaire "Who's Dervla Murphy?" est sorti au ciné (Dublin et quelques autres blèdes irlandais) quand j'étais au début de ma grossesse. J'étais aller le voir avec l'un de mes meilleurs amis. J'ai passé mon temps à pleurer tellement... tellement y avait de similitudes et à la fois tellement de différences, et surtout, tellement de respect pour cette femme octogénaire+1 "she's such an inspiration!". J'ai lu pas mal de ses bouquins, lors de ma prochaine virée dublinoise, je prévois d'acheter celui de... sa virée dans les balkans. clin d'oeil 

    Elle vit toujours dans un petit town du comté de Waterford, et voyage toujours, et raconte toujours le récit de ses voyages et sa vision du monde dans ses bouquins. Pour le plaisir de son accent:

    https://www.youtube.com/watch?v=HWZUAqZ-8_U

    et un cours aperçu du documentaire:




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    Message par Lilie Dim 6 Avr - 21:52

    Yvo est resté un moment en haut avec moi, au Château. Vue imprenable évidemment, sur tous les points cardinaux. Ce que les gens appellent le Château n’est qu’une ruine, habitée d’une horrible antenne parabolique, “qui dessert au moins toute la Dalmatie” selon Yvo. Un vieux bunker datant de la guerre offre le point de vue le plus admirable du site. J’ai toujours trouve ça contradictoire, que ces blocs de béton aussi hideux soient les endroits qui offrent (stratégiquement) les vues les plus généreuses sur les environs.

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    Yvo s’est proposé de m’attendre, chose que j’ai refusée, ne voulant pas abuser de son temps plus que que de raisonnable. Il avait déjà passé une heure de sa journée “pour” moi, son jardin l’attendait, et il avait des choses à faire m’avait-il confié plus tôt. Accepter la gentillesse des gens, c’est une chose, en abuser n’est pas dans mes principes ni habitudes (du moins je l’espère !).(*)

    Il a néanmoins insisté pour que je repasse le saluer sur le chemin du retour.

    - Pas sûr que je sois la, mais entrez et sonnez à la porte.
    - D’accord, je passerai, et si vous n’êtes pas la, je laisserai un mot. Merci beaucoup !

    Je ne sais pas combien de temps je suis restée la-haut, une heure peut-être. La butte sur laquelle est perché le Château est recouverte de lauriers en fleurs et mes narines ne se lassaient pas de ces senteurs envoutantes. Mes yeux quant à eux se régalaient du panorama aux dégradés de bleus entre ciel et mer et à la palette de verts de pins et d’oliviers (Ugljan pourrait s’appeler l’Ile aux oliviers !).

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    Sur la descente, la température devait avoisiner les trente degrés, mais une légère brise de plus en plus présente au fil de la marche rendait la chaleur plus supportable. Je me suis posée une seule fois à l’ombre des oliviers, pour reposer mon dos surtout qui me faisait bien comprendre qu’un poids à l’arrière plus un poids sur le devant, en position debout depuis des heures, ce n’était vraiment pas sympa pour lui. Pour le calmer un peu, lui et le reste de mon corps, pis pour nourrir Kinder aussi, je lui ai donné une deuxième banane, et quelques dattes supplémentaires. Je n’avais pourtant pas faim (chose que j’oublierai à nouveau dans l’heure suivante), ayant avalé “au sommet” mon autre banane et la moitié de ma barquette de dattes. Plus vite que je n’aurais cru, je me suis retrouvée sur la route principale. Quelques 300 mètres en la longeant sur la gauche me ramenèrent à la maison d’Yvo. J’atteignais juste sa grille quand j’entendis Yvo m’interpeler de l’intérieur puis sortir sur ce même balcon d’où il m’avait lancé ses premiers mots de français quelques heures plus tôt.

    - Déjà là ?! Allez-y, entrez ! Montez par les escaliers.


    (*) Au moment où je retranscris ces mots de mon cahier manuscrit sur ordinateur, le fils d’Yvo m’appelle depuis Rennes, répondant au message que je lui ai laissé plus tôt dans la journée. La photo de son père ainsi que cette note sont maintenant arrivées dans sa boite mail.


    (...)


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    Message par geob Lun 7 Avr - 17:58

    Je ne lis, ni ne parle anglais, mais ce dont je suis sûr c'est que le visage de cette femme irradie une joie de vivre qui fait plaisir à voir. J'aurais bien aimé la rencontrer !
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    Message par Lilie Lun 7 Avr - 20:58

    Pour la rencontrer, il ne faut surtout pas la chercher : elle n'ouvre pas ses courriers (dixit elle dans le documentaire), et comme toutes les personnalités irlandaises qui vivent en Irlande, même si tout le monde sait où elle habite, tout le monde la laisse tranquille. Elle ne pratique pas les médias ou occasionnellement. Ta (ma) seule chance de la rencontrer, c'est de la croiser lors d'une de ses vadrouilles sur la planète, autant dire aucune chance.

    Elle n'est pas traduite, à mon grand malheur depuis mon retour en France, car je ne peux partager cette auteure avec personne ici.  triste J'admire en fait bien plus la femme que l'auteure.

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